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« Pif », chien presque fidèle - Le Monde

La couverture du premier numéro de « Pif le mag ».

Il n’en a pas forcément l’air, mais Pif est un ­monument. Ce chien exerce sur les humains une étrange­ ­fascination, au point de leur inspirer une frénésie nostalgique récurrente. Son retour dans les kiosques, depuis le 16 décembre, sous l’appellation de Pif le mag, n’est jamais que la quatrième tentative de relance depuis 2004. Né en 1948, dans les colonnes de L’Humanité, de l’imagination de José Cabrero Arnal, un républicain espagnol réfugié en France, le personnage a réalisé dans les années 1970 un tour de force : créer, avec Pif gadget fondé en 1969, l’une des plus belles réussites de la presse pour la jeunesse tout en devenant la mascotte du Parti communiste.

Après trois tentatives inabouties de renouer avec les grandes heures de cet hebdomadaire, dont le tirage dépassa parfois le million d’exemplaires, L’Humanité, placé en redressement judiciaire l’an passé, a été mis en demeure par le tribunal de commerce de Paris de renflouer ses caisses. Joyau de la couronne, la licence d’exploitation de Pif gadget a donc été cédée, à la surprise générale et pour un montant jalousement tenu secret, à l’ex- « Sarko boy » Frédéric Lefebvre. L’ancien secrétaire d’État chargé du commerce et porte-parole de l’UMP devra s’acquitter d’une redevance annuelle et d’un intéressement sur les ventes à L’Humanité. Un peu gêné aux entournures de confier la laisse du chien à un ennemi de classe, l’organe du PCF a publié une « interview » de Pif. « Vous êtes ma famille et je vous aime », y gémit l’ancien héros de la classe ouvrière.

Prise de guerre tardive ? Nullement. Au JDD, l’ancien député désormais éloigné de la politique explique que s’offrir cette madeleine qu’est Pif constitue « un acte à la fois régressif et transgressif ». Lefebvre, 57 ans, raconte avec des trémolos dans la voix que, rejeton d’une famille de droite, il lisait en cachette Pif gadget, la bande dessinée communiste. Ce qui rendait encore plus haletantes les aventures de Placid et Muzo, Pifou ou du Concombre masqué, mais aussi de Corto Maltese et de Rahan, « fils des âges farouches », combattant les superstitions des sorciers du néolithique. « Au catéchisme, ils disaient qu’il ne fallait pas lire Pif », se souvient Françoise Bosquet, qui fut secrétaire de rédaction aux temps héroïques de l’hebdomadaire. « En réalité, ce n’était pas le fameux gadget le plus important. En introduisant des histoires complètes et non plus par épisode, ce magazine a révolutionné la BD. »

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