Le marché de l’art aime la chair fraîche, même quand elle est plus que centenaire. Un tableau de Vincent Van Gogh, Scène de rue à Montmartre (Impasse des Deux Frères et le Moulin à poivre), peint en 1887, a atteint, jeudi 25 mars, à Paris, la somme de 14 millions d’euros (16,251 millions avec les frais) sous le marteau de Sotheby’s auquel l’avaient confié ses découvreurs, les commissaires-priseurs de la maison Mirabaud Mercier. Du moins, c’est que l’on a cru quelques dizaines de minutes, car la vente a été riche en rebondissements.
Resté dans la même famille depuis un siècle – il aurait été acquis entre 1915 et 1920 –, le tableau n’avait donc jamais été vu en vente, ni même jamais exposé au public. L’œuvre est un des rares Van Gogh encore en mains privées, son authenticité a été confirmée par le Van Gogh Museum d’Amsterdam.
Disputées par téléphone entre des acheteurs de New York, Hongkong et Londres, les enchères se sont succédé durant dix minutes. Démarrées à 4 millions d’euros (pour une estimation comprise entre 5 et 8 millions d’euros), elles ont grimpé de million en million, jusqu’à ne plus opposer qu’un collectionneur de Hongkong à un Londonien, lesquels surenchérissaient au téléphone de manière soudain plus prudente : on a ainsi cru le Londonien vainqueur avec une proposition supérieure de 50 000 euros seulement (il faut dire que l’offre précédente était de 13 millions), jusqu’à ce qu’un acheteur intervenant sur Internet mette tout le monde au tapis, en proposant 14 millions d’euros.
« Folle enchère »
Applaudissements dans la salle, dépêches d’agences triomphantes immédiatement reprises par les sites Internet de certains journaux. Sauf que, coup de théâtre : vingt minutes après, Aurélie Vandevoorde, directrice du département « Impressionniste et moderne », qui tenait le marteau, annonçait, imperturbable et avec un flegme que pourraient lui envier ses confrères britanniques, devoir « rouvrir les enchères » pour le tableau. Ce qui signifie que l’acheteur en ligne s’est révélé défaillant.
Sotheby’s ne veut pas encore se prononcer sur l’incident, le qualifiant « d’enchère non valide » mais la chose advient – quoique rarement à ce niveau de prix – et est nommée en droit français une « folle enchère ». Le vainqueur renonce subitement à son achat, qui est immédiatement remis en vente. S’il atteint le même montant, tout va bien. S’il fait moins, le « fol enchérisseur » doit payer la différence. On souhaite bon courage aux juristes de Sotheby’s pour encaisser le chèque.
Le tableau a donc été remis en vente à la fin de la vacation après un – très bel – ensemble de bronzes de Rodin. Reproposé au prix d’origine (4 millions), il a suscité une nouvelle bataille, bientôt limitée aux deux derniers protagonistes précédents, les représentants de Hongkong et de Londres. Samuel Valette, qui représente la perfide Albion pour Sotheby’s dans ce domaine de l’art impressionniste et moderne, a fini par l’emporter sur l’Asie à l’usure, en surenchérissant de 50 000 euros en 50 000 euros, pour arriver à l’emporter avec une enchère de 11 250 000 euros, soit un peu plus de 13 millions avec les frais. On dit que Van Gogh était fou. Cette vente laisse penser qu’il n’était pas le seul.
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